Les Contes interdits, La reine des neiges. Simon Rousseau

Je continue mon périple horrifique avec la collection Les Contes interdits et cette fois j’ai décidé de m’aventurer sur les terres québécoises en découvrant La reine des neiges de Simon Rousseau.

Les Contes interdits - La Reine des neiges - Simon Rousseau

L’histoire

Fuyez. Elle arrive, elle est tout près. Elle n’épargnera personne. Les arbres tombent, la terre gèle, l’air est infect. Courez si vous ne voulez pas finir six pieds sous la neige. Une adaptation déroutante du fameux conte d’Andersen.
Le meurtre immonde d’un prêtre dans un pensionnat autochtone, au début des années 1970. L’inconcevable suicide du grand-père d’une journaliste prête à tout pour faire éclater la vérité. Un chamane amérindien banni de sa communauté, reclus au cœur d’une forêt mystique. Une entité ancienne née du froid et de la famine, prête à rétablir son pouvoir sur son royaume de glace. Une effroyable légende, oubliée de tous.

Mon avis

Dans cette réécriture de La Reine des neiges, nous suivons Anna, une jeune femme qui apprend le décès de son grand-père qu’elle n’a pas vu depuis des années. Emplie de tristesse et de regrets, elle décide de se rendre à ses funérailles et d’accompagner sa grand-mère dans cette épreuve. Mais le décès de son aïeul soulève des questions troublantes qui vont l’emmener dans des territoires inconnus du Québec. Si le vocabulaire québécois était présent de manière discrète dans Raiponce et Boucle d’or, les expressions sont légion avec celui-ci. Peu habituée à lire des textes venues de leurs belles contrées, j’ai aimé m’imprégner de ce dialecte. Par curiosité, j’ai souvent recherché les définitions des mots utilisés, mais ça n’a pourtant pas entacher ma lecture, loin de là ! C’est même une des qualités qui a contribué au plaisir du voyage.

Car le langage n’est pas l’unique élément lié à leurs terres, l’ensemble du conte est fondé sur l’histoire du pays. Et je parle ici du pays, car c’est l’histoire même du Canada qui offre son souffle à cette intrigue. Un souvenir encore fort, inscrit avec violence dans la population, un patrimoine sombre. Celui du peuple autochtone, descendants des premiers habitants, opprimés et brutalisés pendant trop d’années pour se conformer aux valeurs de la nation. Je ne vous en dirai pas plus, l’auteur en révèle beaucoup sur leurs vécus et leurs conditions de vie et c’est justement ce qui donne toute la force de cette histoire. Elle s’ancre dans une réalité encore très vive dans l’esprit du pays.

La Reine des neiges - Les Contes interdits - Couverture

Le silence règne dans la forêt, j’ai le sentiment que nous sommes perdus au bout du monde. Je n’ose diriger mon faisceau de lumière ailleurs que devant nous ; loin de moi l’intention de réveiller d’éventuelles créatures tapies dans la noirceur.

Chapitre 16

Alliant des chapitres se déroulant à deux périodes distinctes, Simon Rousseau nous montre bien que nous n’avons nul besoin de monstres pour vivre l’horreur, l’homme est déjà un sujet de choix. Car le plus difficile ici, ce n’est pas la présence inquiétante de ce mal invisible qui tue sans crier gare, mais plutôt la violence des hommes d’église pour inculquer leur croyance aux peuples autochtones. Bien sûr, si vous cherchez des monstres et du sanglant, marque de fabrique de la série, vous serez également servis ! A la cruauté et la froideur de son récit, l’auteur ajoute également une touche de légende. Et ce mélange entre mythe et réalité est une bonne recette pour créer l’appréhension et l’indignation. J’avais déjà bien adhéré au style de mes deux précédentes lectures, mais La reine des neiges est le conte interdit que j’ai le plus apprécié grâce à son implication historique.

Sans même connaitre la version originale, j’ai aimé cette réécriture sombre, mélangeant habilement l’histoire du Canada et légendes ancestrales pour mettre en avant les horreurs causées par l’homme.

Et vous, l’avez-vous lu ?

« Les Contes interdits : La reine des neiges »
De Simon Rousseau. Éditions ADA, 2018.

43 Commentaires sur “Les Contes interdits, La reine des neiges. Simon Rousseau

  1. Je n’ai encore jamais lu de Contes Interdits mais je le ferai car je suis vraiment curieuse (et consciente du contenu). Il faut juste que j’étudie la chose pour commencer par un qui n’est pas trop gore ou violent lol.

    1. Pas facile de choisir c’est vrai, certains sont vraiment très sanglants apparemment. Je sais que Hansel et Gretel a susciter beaucoup d’indignation malheureusement pour l’auteur. Parmi les trois que j’ai lu, Raiponce est clairement le plus gore et ça commence dès les premières scènes. Boucle d’or est moins sanglants, hormis la scène finale. Et celui-ci est moins sanglant aussi, sauf deux scènes assez rapides, il a plus l’allure d’une enquête mais l’histoire des autochtone est assez rude. Bon courage pour faire ton choix. 😉

    1. Je ne peux que t’encourager à les découvrir, la série est tellement complète maintenant qu’il n’y a que l’embarras du choix pour se lancer ! Surtout si tu as envie de bons frissons. 😉

  2. Oh mais il a l’air super ce bouquin. Tout les ingrédients pour me plaire.
    On ne dénonce jamais assez les sévices subit par les peuples premiers qui ont subit de plein fouet la venue des européens sur leur sol.
    Amérique, Autralie, Canada…. même combat !
    Je viens de recevoir le dernier Estelle Tharreau, « Le dernier festin des vaincus » qui se passe dans la réserve indienne de Meshkanau au Canada. Je sens que je vais adorer ce nouveau bouquin de l’auteure mais que je vais aussi me mettre en colère contre les injustices faites aux autochtones et aux femmes en particuliers….

    1. Toi qui aime l’Histoire dans les romans Ge, je pense que celui pourrait t’intéresser car c’est vrai qu’on parle peu de ce qui est arrivé aux natifs lorsque les européens sont arrivés mais c’est effroyable. Maltraiter toute une communauté pour les modeler à l’image de leurs coutumes, c’est d’une cruauté sans nom. Et pour ce conte interdit, l’auteur a mis en avant cette partie sombre de l’histoire canadienne, j’ai trouvé ça révoltant mais très intéressant également. Et oui, ta prochaine lecture sera certainement aussi très révoltante ! Je lirai ton retour à son sujet avec grand intérêt quand tu l’auras lu, bonne découverte !

    1. Celui-ci, même si certaines scènes sont sanglantes, tire surtout sa cruauté dans les faits historiques, comparés aux autres contes interdits que j’ai pu lire. Mais c’est vrai que mes dernières chroniques ne sont pas des plus douces, je te comprend. 😁

  3. Je suis partagée sur cette série, d’un côté l’aspect réécriture de contes me rend méga curieuse, de l’autre, j’ai tendance à fuir tout ce qui est trop violent/angoissant/horreur, j’ai ma dose avec le quotidien :/ Donc peut-être que j’en lirais certains un de ces jours, pour un prochain Pumpkin Autumn Challenge, pour la période Halloween ^^

    1. Ah oui, si tu préfères éviter la violence, ce n’est pas la série la plus appropriée, d’autant que certains sont vraiment sordides. 🤭 Celui-ci est moins sanglant parmi les trois que j’ai pu lire mais reste quand même dur au vu des faits évoqués (et quelques scènes sont sanglantes aussi). Par contre, pour le Pumpkin Autumn Challenge, c’est une série parfaite. 😁 Peut-être que le challenge serait l’occasion pour toi de te lancer et d’en découvrir un, on ne sait jamais. 😉

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