Depuis ma lecture du thriller Tombent les anges de Marlène Charine, j’étais très tentée à l’idée de découvrir son roman Inconditionnelles. Encore une fois, le Collectif Polar est passé par là et je remercie chaleureusement Ge, car j’ai eu la chance de remporter ce titre lors d’un concours sur Les Louves du Polar.

L’histoire
« Venez. Elles sont là ! » La capitaine Silke Valles et son équipe viennent d’investir une maison délabrée sur les hauteurs d’Annecy. Au sous-sol, une des trois fillettes enlevées dix jours auparavant gît, inconsciente, dans une baignoire remplie de glace. Les deux autres sont recroquevillées à côté, terrifiées mais indemnes. Le ravisseur a été abattu dans l’assaut, l’affaire est donc officiellement close. Et pourtant, insidieusement, d’indice en indice, une interrogation fait son chemin dans l’esprit de Silke Valles, mais aussi dans celui de Garance, Cora et Blandine, les mères des trois fillettes : et si ça n’était pas fini ?
Mon avis
Avec Inconditionnelles, l’intrigue commence là où tout thriller trouverait généralement sa fin, à savoir la libération des victimes. Pourtant, ici, il s’agit bel et bien du commencement. Trois fillettes sont retrouvées, signant la fin des sévices, du calvaire. Celui qu’on ne connait pas encore et qu’on ose à peine imaginer. La menace est éliminée, à première vue, les fillettes n’ont plus rien à craindre. Rien, si ce n’est les souvenirs et les cauchemars, les séquelles physiques et psychiques, la reconstruction lente et difficile. Car dans ce roman, l’auteure a choisi de mettre en lumière l’après, en alternant entre la vision de l’enquêtrice Silke Valles et les mamans des enfants.
Silke Valles est une flic impliquée dans son travail, très impliquée même. Malgré la résolution de cette affaire, elle ne peut s’empêcher de douter. Une ombre se profile au tableau et, de manière officieuse, elle va s’entêter à chercher dans les moindres recoins. Si dans Tombent les anges, j’avais développé de l’affection pour Cécile, une gardienne de la paix sensible mais coriace, j’ai malheureusement eu moins d’attaches avec Silke, qui m’a paru froide et hermétique. Évidemment, ce caractère est le résultat d’évènements terribles mais il faudra patienter jusqu’à la toute fin du récit pour que cette femme se dévoile à nous. En attendant de satisfaire ma curiosité et d’éveiller ma sympathie, son attitude fermée, ce leurre pour cacher sa fragilité, ne m’a pas attendrie.

Les fillettes sont retrouvées vivantes. Blessées, choquées, mais vivantes. Un petit miracle. Pour être tout à fait honnête, Silke ne l’espérait plus. Dix jours, c’est un laps de temps beaucoup trop long. Une éternité au cours de laquelle le pire peut se produire des centaines, des milliers de fois.
Chapitre 5
Cela dit, les mamans des fillettes sont parvenues sans problème à me combler. Marlène Charine nous offre la vision de chacune d’entre elles. Blandine, Cora et Garance, trois mères diamétralement opposées mais associées dans un malheur qu’on ne souhaite à aucun parent. Et les doutes émis par l’enquêtrice va faire son chemin au sein même des familles, l’enquête prenant alors une tournure plus personnelle. Par ce roman, l’auteure nous rappelle que personne n’est à l’abri du danger. Peu importe le milieu social, l’éducation donnée, la force de caractère ou l’amour du foyer. Rien ne prédestinait ces trois femmes à ce qui les attendait et pourtant, j’ai beaucoup apprécié voir les liens se faire et se défaire au rythme des incertitudes et de la résilience. Connaitre leurs forces, leurs faiblesses, leurs déterminations face aux atrocités vécues par leurs enfants, face à l’horreur qui existe encore. Ce sont assurément les passages qui m’ont le plus touchée.
Ayant tout de même une belle préférence pour son précédent thriller, j’ai passé un bon moment entre ces pages malgré une enquêtrice qui m’est apparue un peu trop froide. Mais l’association et l’amour de ces mamans, prêtes à tout pour leurs filles, m’ont captivée, souvent bouleversée, et ce sont elles qui m’ont offert le plus d’émotions.
Et vous, connaissez-vous ce roman ?
« Inconditionnelles » de Marlène Charine.
Le Livre de Poche, 2022.
Dommage pour ton ressenti vis à vis de l’enquêtrice, mais le reste a l’air de t’avoir convaincu. Je trouve aussi intéressant de parler de l’après et suis forcément curieuse de voir comment les choses évoluent dans cette sombre affaire. Au passage, je note également Tombent les anges !
Oui, ce sont des choses qui arrivent malheureusement, le manque d’attaches à un personnage. 😇 Mais comme tu le dis, j’ai adhéré à l’intrigue donc tant mieux. Et le fait que l’auteure aie décidé de parler des évènements suivants la disparition des fillettes est un bel atout ici. Je te souhaite de belles lectures ! 😉
Le plot fait froid dans le dos ! Merci pour la découverte 🙂
Oh oui, et l’âge des fillettes donne un côté encore plus atroce à ce point de départ je trouve. Avec plaisir ! 🙂
C’est une auteure que tu me donnes envie de découvrir mais plutôt avec Tombent les anges alors.
Bonne découverte dans ce cas ! Mais celui-ci est très apprécié des lecteurs également, ce sont deux thrillers bien différents. 😉
Je trouve intéressant de voir l’après, chose rare dans un thriller. Quant à ces trois mères, elles semblent touchantes et l’être assez pour compenser le manque d’attache pour l’enquêtrice…
Pour l’enquêtrice, d’autres lecteurs l’ont adoré pourtant. Dommage pour moi, mais c’est vrai que le lien qui se créer entre les trois mamans ont bien compensé ce manque d’affection. 🙂 C’est vrai qu’on entrevoit peu les évènements qui suivent la libération des victimes dans les thrillers, et pourtant ici, c’est tout aussi poignant !
Moi j’avais eu un coup de cœur pour ce roman ! J’ai été vraiment heureuse de le voir gagner le prix Découverte Iris Noir 😊
Ca se comprend, il est poignant ! Et sa construction est intéressante, ce n’est pas fréquent de commencer un thriller par la libération des victimes et de parler de l’après. C’est douloureux de suivre ces parents, et ces mamans, impuissantes face aux calvaires qu’on vécu les enfants.