L’art du meurtre. Chrystel Duchamp

Grâce à la chronique d’Audrey, du blog Light and Smell, j’étais très curieuse concernant le roman L’art du meurtre de Chrystel Duchamp. Alors quand Ge du Collectif Polar me l’a offert (un grand merci !), l’occasion était parfaite pour sauter le pas et découvrir enfin cette plume du polar français.

L'art du meurtre - Chrystel Duchamp

L’histoire

Franck Tardy, avocat à la retraite, est retrouvé dans son luxueux appartement du XVIe arrondissement. Il a été torturé, mutilé, puis assis à une table dressée pour un banquet. Un crime de toute beauté !
Dépêchée sur place, l’équipe de la PJ apprend que l’homme – un amateur d’art – fréquentait les clubs sadomasochistes de la capitale. Et que, malgré sa fortune, il était à court de liquidités.
Bientôt, le corps d’un autre collectionneur est découvert…
Pour Audrey Durand, cette enquête dans le monde de l’art contemporain sera-t-elle l’occasion de faire taire ses démons, ou se transformera-t-elle en un voyage aux confins de la folie ?

Mon avis

Avec ce roman, l’auteure nous offre une enquête entrainante et elle n’hésite pas à rentrer dans le vif du sujet. Un collectionneur d’art est retrouvé mort à son domicile. Le crime a été mis en scène de manière tout à fait particulière, dérangeante. Une technique de représentation qui n’est pas sans me rappeler certains meurtres de la série télévisée Hannibal par Bryan Fuller. L’écriture de Chrystel Duchamp nous dévoile ce qu’il faut de détail pour imaginer le macabre s’unir à une prestation des plus visuelles. Attention aux âmes sensibles, l’alliance de la mort et de l’esthétisme peut être troublante. Mais pour ma part, malgré la perception morbide que cela implique, j’ai trouvé l’idée terriblement intrigante.

Sur cette enquête, nous suivons Audrey, une flic fragile. Mais, comparée à d’autres titres du genre où l’enquêteur porte son lot de misère lié à sa carrière, la fragilité de cette femme ne tient pas aux horreurs qu’elle a traversées lors de ses précédentes affaires. Son caractère est forgé par des cicatrices encore vives, creusées par des relations personnelles compliquées. Heureusement, l’équipe avec qui elle travaille est un ancrage solide pour elle. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié le lien qu’elle entretient avec Patricia, sa supérieure. Une relation pas toujours tendre mais on sent que l’affection et le soutien mutuelle sont d’une grande importance pour elles. Et l’équipe va avoir besoin de force pour cette enquête, car l’histoire va les mener dans des milieux qu’on imagine peu se côtoyer, du club sadomasochiste aux galeries d’arts. Et, pour ne rien vous cacher, ce mélange incongru, voire parfois même violent, m’a happée.

L'art du meurtre - Couverture

L’odeur de la mort est effroyable. Certes, la vue d’un cadavre est choquante, mais les jours passent et cette vision s’estompe. L’odeur elle, reste à tout jamais. Elle vous colle à la peau, elle imprègne vos cheveux et vos vêtements. Vous avez beau vous lavez deux fois, dix fois, mille fois, elle persiste. Les souvenirs olfactifs sont les pires. Ils ne vous quittent jamais.

Chapitre 3

L’auteure utilise avec justesse diverses références, du sombre Goya (vu dans Sorcière de Alix Paré) au controversé Paul McCarthy, sans oublier les travaux approfondis et multidisciplinaires de Léonard De Vinci. Une palette d’artistes variés, aussi bien par leurs procédés créatifs que par leurs époques. Une manière de questionner également sur notre propre perception de l’art. Pour autant, avec ces nombreux sujets exploités, l’auteure ne nous perd pas dans ses analyses. Car si le personnage d’Audrey est calée dans ce domaine, ce n’est pas vraiment le cas de ses collègues. Nous découvrons alors avec eux toutes les nuances que dégage ce monde culturel, et sans jamais alourdir l’intrigue. Au contraire, j’ai trouvé que tout était habilement dosé, fluide, pour nous offrir l’imperceptible et apprécier l’œuvre dans son ensemble. C’est donc par toutes ces qualités que le roman de Chrystel Duchamp m’a charmée. Je me suis laissée emporter dans cette toile faite d’encre, de chair, de sang, d’ombres et de lumières.

🖤 Coup de cœur pour ce thriller offrant un savoureux mélange d’enquête sordide et de passion artistique.

Roman lu pour le challenge Les Louves du Polar.

« L’art du meurtre » de Chrystel Duchamp.
Éditions Archipoche, 2021.

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