À même la peau. Lisa Gardner

J’ai le sentiment qu’une éternité est passée depuis ma lecture du roman Arrêtez-moi de Lisa Gardner. C’est donc pleine d’entrain que j’ai ouvert À même la peau, le huitième livre de la série D.D. Warren.

A même la peau - Lisa Gardner

L’histoire

Échappe-t-on à son destin quand on naît d’une famille marquée du sceau de la mort ?
Fille d’un tueur en série et sœur d’une meurtrière à 14 ans, Adeline est devenue médecin, comme son père adoptif. Sa spécialité : la douleur, qu’une anomalie génétique l’empêche pourtant de ressentir. C’est dans son cabinet qu’elle rencontre l’inspectrice D.D. Warren, blessée à l’épaule sur une scène de crime. Elle a été poussée dans l’escalier mais n’a aucun souvenir de ce qui s’est passé.
Alors qu’elle se laisse doucement séduire par les méthodes de sa thérapeute, D.D. Warren découvre que les meurtres sur lesquels elle enquête, des jeunes femmes écorchées, ressemblent étrangement à ceux commis par le père d’Adeline il y a plus de vingt ans…

Mon avis

J’ai déjà lu ce roman en 2017, lors de sa sortie en avant première chez France Loisirs, c’était alors ma première rencontre avec la plume de l’auteure. Cette découverte m’avait séduite aussi bien par l’écriture, que par le personnage de cette femme flic un brin nerveuse. Alors, me replonger aujourd’hui dans ces pages, en ayant cette fois lu les premiers tomes de la série, fût un vrai plaisir !

A ma première lecture, j’avais pris conscience que D.D. Warren était une sacré tête de mule, une personnalité forte qui ne se laisse pas impressionner pour deux sous. Et pourtant, si tout cela sonne vrai, j’ai aujourd’hui le sentiment, au vu des précédents épisodes, que ce huitième tome nous dévoile une image plus nuancée de la détective. Car cette fois, suite à une blessure grave, victime d’une amnésie partielle et sous le coup d’une enquête interne, notre chère héroïne se montre plus sensible, plus fragile, plus humaine. Mais attention, pas plus faible pour autant ! Avec la hargne qu’on lui connait désormais, elle reste très combative et ne pourra s’empêcher, même sur le banc de touche, d’avoir le travail au corps. D’autant que la scène d’ouverture et le crime, très visuel et violent, nous promettent une enquête hors norme.

Si dans les précédents romans, Lisa Gardner mettait généralement en scène des enfants au cœur de ses enquêtes, ici ce n’est pas le centre névralgique de cette affaire. Un tueur sévit férocement. Au fil des jours et des bravades tendus par le criminel, D.D. Warren, qui va se joindre à l’enquête de manière officieuse, ne tarde pas à découvrir un lien surprenant. Sa thérapeute spécialisée dans la gestion de la douleur, Adeline, semble associée à ce capharnaüm sordide. En effet, Adeline n’est autre que la fille d’un célèbre tueur en série décédé, mais aussi la sœur d’une meurtrière sans remords, destinée à passer sa vie derrière les barreaux. Une famille d’assassins dont semble s’inspirer le meurtrier qui court les rues, et c’est là toute la force brute de cette histoire.

A même la peau - Couverture

Papa disait que le sang et l’amour, c’est la même chose. Ensuite, il éclatait de rire. Et il appuyait plus fort avec le rasoir. Il aimait regarder le sang sourdre lentement. « Il ne faut pas vouloir aller trop vite, disait-il tout bas. Prends ton temps. Profite du spectacle. »

Chapitre 7

Habituée aux chapitres à plusieurs voix proposés par l’auteure, j’ai particulièrement apprécié la relation ambiguë, parfois malsaine, qu’entretiennent la thérapeute et sa sœur emprisonnée. Les non-dits, les attentes, les souvenirs préfabriqués qu’elles se sont créés au travers d’un parloir, avec pour seul lien, une généalogie torturée. Si la violence et la douleur font partie des seuls modes d’expression de sa sœur ainée, Adeline en a fait son métier pour venir en aide à son prochain. Deux parcours diablement opposés, et pourtant, les liens du sang peuvent être fermement ancrés dans nos gênes…

Lisa Gardner nous offre ici une héroïne meurtrie mais toujours aussi déterminée et un lien familiale entre sœurs totalement déstabilisant. Mais surtout, elle nous livre une course pour la vérité où chaque protagoniste se voit fleurter sans vergogne avec le danger, voire l’illégalité. En bref, c’est une relecture plus que réussie, certainement l’un de mes favoris de la série.

Ce roman fait partie de mon objectif : Rencontre avec D.D. Warren.

« À même la peau » de Lisa Gardner.
Éditions France Loisirs, 2017.

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