L’enfant aux cailloux. Sophie Loubière

Il y a quelques mois, le Collectif Polar organisait un concours à l’occasion du Saint-Maur en Poche 2022. Si j’ai répondu totalement à côté de la plaque à la question posée, Geneviève m’a tout de même envoyée un joli lot de consolation, dont voici l’un des titres : L’enfant aux cailloux de Sophie Loubière.

L’histoire

Elsa Préau est une retraitée ordinaire. Une vieille dame un peu trop seule qui observe ses voisins pour tromper l’ennui. Et qui, à force d’épier, se persuade que la famille d’à côté a des choses à cacher.
En plus de leurs deux enfants, rayonnants, un troisième apparaît parfois – triste, maigre, visiblement maltraité. Un enfant qui semble appeler à l’aide. Un enfant qui lui en rappelle un autre…
Aider ce petit garçon devient alors pour Elsa une véritable obsession.
Mais que faire, seule, face à la police et aux services sociaux qui lui affirment qu’il n’existe pas ?

Mon avis

J’avais déjà découvert l’auteure avec Black Coffee il y a quelques années et même si je n’ai plus tous les détails en tête, j’avais apprécié cette lecture. Alors retrouver sa plume ne m’effrayait pas et je me suis lancée assez confiante dans ce roman. D’autant que Caroline du blog Le murmure des âmes livres en avait fait une belle chronique, il y a quelques mois.

La première moitié du récit nous livre la vie d’Elsa, ancienne directrice d’école à la retraite, qui retrouve les murs de sa maison après quelques années d’absence. Le quartier a changé, Elsa va devoir s’y habituer. Elle n’aperçoit plus les arbres de sa fenêtre, n’entend plus le calme de sa rue. Des maisons neuves sont apparues et des travaux envahissent la quiétude de son confort passé. On découvre une femme et ses souvenirs. Pour dire vrai, pendant cette première partie, ce personnage ne m’a inspiré aucune sympathie. Elle est réfractaire au changement, assez sèche avec les gens, surtout avec son fils. Elle n’hésite pas à saisir stylo et papier pour envoyer ses réflexions et remontrances à qui voudra bien la lire. Le maire, les ministres, … Elle surveille, juge et critique sur tous les sujets.

Pourtant, si ces traits de caractères ne m’ont pas attendrie dans l’immédiat, je dois admettre que la suite de l’histoire leur donne toutes leurs forces. Cette vieille dame, en épiant par sa fenêtre à la recherche d’un bout de forêt disparue, aperçoit des enfants dans le jardin d’en face. Et l’un d’eux lui apparaît mal en point, fragile et peut-être même victime de mauvais traitements. Elsa va donc tout mettre en œuvre pour en apprendre plus sur ses voisins. De son âge avancé, elle va faire tout son possible pour aider ce garçonnet. Que ce soit par quelques notes de musique à son intention, jusqu’aux recherches pour découvrir la vérité. Elle va se donner la force, malgré sa santé fragile, de pouvoir aider un enfant qui lui semble en danger. Mais faut-il toujours croire aux premières impressions ? A cet instant, le livre m’a bien plus entrainée, avec un accès plus prononcé sur le monde extérieur que sur les souvenirs et rancœurs de cette dame.

Elle monta dans sa chambre pour prendre la paire de jumelles et jeter un œil dans le jardin des voisins. Il était vide. Rien ne semblait bouger dans le pavillon. Seuls les aboiements des chiens se répétaient dans la rue comme un écho déformé par le vent.

Partie 2 – Voir ce que l’on croit

Je ne pourrais vous en dire plus sans dévoiler les tenants et aboutissants de cette histoire, mais je dois dire que les révélations qui se font en approchant de la fin m’ont donné des émotions surprenantes. Passant de la perplexité à la surprise, de la tristesse à l’effroi. Il faut dire que Sophie Loubière a bien ménager son effet et sème le doute dans l’esprit du lecteur à plusieurs occasions. Alors malgré un début de lecture qui m’a semblé plus dans la contemplation d’une vie solitaire, la suite de l’intrigue, elle, m’a captivée. J’avais très envie, moi aussi, de connaitre la vérité sur cette femme, son passé, ses voisins et surtout sur cet enfant qui lui en rappelle un autre.

Avec ce roman, Sophie Loubière offre une lecture efficace, composée de sujets douloureux. Un roman où l’écriture a su malmener mes certitudes, le tout clôturé par un final qui m’a chamboulé le cœur.

Je remercie Ge du blog Collectif Polar, Chronique de nuit pour ce cadeau !

📱Pour les plus jeunes qui passent par ici, si vous vous sentez en danger à l’école, à la maison ou ailleurs, vous pouvez appeler le 119, tous les jours et même la nuit. Pour les adultes, si vous êtes préoccupés par la situation d’un mineur, vous pouvez également contacter ce numéro, disponible en France et dans les départements d’Outre-mer. Plus d’infos sur allo119.gouv.fr.

« L’enfant aux cailloux » de Sophie Loubière.
Pocket, 2014.

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