Criminal Loft. Armelle Carbonel

Après ma lecture de L’Empereur blanc de Armelle Carbonel, j’avais une grande envie de relire son roman Criminal Loft, l’un de mes plus gros coup de cœur. Et c’est accompagnée de Mathilde, du blog Critiques d´une lectrice assidue, que je me suis une nouvelle fois lancée dans ce livre que j’avais tant aimé.

Criminal Loft. Armelle Carbonel, éditions Milady

L’histoire

Huit condamnés à mort ont été sélectionnés pour un show de télé-réalité. Chaque semaine, en direct, vous avez le pouvoir de les éliminer.

Un lieu : le sanatorium de Waverly Hills, aux États-Unis. Entre ses murs doit se dérouler le show de télé-réalité le plus extrême de l’histoire. Huit criminels y sont enfermés. Surveillés nuit et jour, ils sont prêts à tout, surtout au pire, pour convaincre des millions de téléspectateurs qu’ils méritent de vivre. Leur sort est entre vos mains…

Mon avis

Huit criminels, et pas des moindres, sont les protagonistes principaux de ce livre. Des personnalités efficaces, travaillés avec soin, d’une écriture leur donnant un aspect réel, effrayant. C’est d’ailleurs un des éléments que j’avais tant aimé lors de ma première lecture. C’est donc John T., candidat à l’émission Criminal Loft, qui nous raconte le déroulé de ce jeu télévisé morbide. Mais il nous dévoile aussi sa propre histoire. Et comme ce n’est pas un enfant de cœur, ça en devient déroutant. Personnellement, je n’ai pas pu m’empêcher de l’associer à un autre criminel fictif, mais addictif et passionnant, Hannibal Lecter. Pas tant pour ses crimes, mais plutôt pour l’aura qu’il dégage. John est un personnage intelligent, observateur, manipulateur, pourtant le Waverly Hills Sanatorium, où se déroule le jeu, semble libérer ses pulsions généralement bien cachées sous une façade de normalité. Et malgré ses crimes, malgré la puissance monstrueuse de ses pensées, Mathilde et moi avions la terrible envie de continuer l’aventure avec ce personnage fascinant.

A travers ces pages, le thème de la téléréalité est traité avec brio, utilisé jusqu’à la moelle pour dénoncer cet engouement étrange pour la vie des autres à travers un écran. Difficile de ne pas trouver de similitudes avec les émissions qui pullulent sur nos écrans depuis début 2000. Tous les ingrédients sont là pour faire grimper l’audimat. Sauf la célèbre scène de la piscine, n’est-ce pas Mathilde ? Pour le reste, vous aurez le plaisir de suivre les candidats dans leur cohabitation, vue de l’intérieur grâce à notre cher « ami » John. Secrets à découvrir, chamailleries, coups bas, alliances et épreuves à surmonter. Je vous le disais, la recette d’un prime time réussi est bien là. Sauf qu’ici, l’enjeu est bien plus discutable. La liberté, voilà le prix à gagner pour le condamné à mort qui remportera l’émission. Les téléspectateurs se portent alors en juges, avides de sensations et révélations croustillantes. Pourtant malgré le sujet un brin immoral, ça sonne vrai et c’est surement ça le plus troublant.

Souviens-toi de la haine que tu éprouves, décuple-la, ajoute un zeste de cruauté et tu sentiras naître en toi l’embryon d’un tueur… Le perçois-tu ?

Chapitre 12

Le lieu choisi, le Waverly Hills Sanatorium, se suffit à lui-même. Avec ce lieu réellement existant, l’auteure n’aurait pas pu nous offrir meilleur plateau de jeu. Ouvert en 1910, le Sanatorium de Waverly Hills, dans le Kentucky aux États-Unis, accueillait des malades de la tuberculose. C’était alors un établissement réputé. Mais en plus de 50 ans de service, le sanatorium devient le théâtre de mauvais traitements et d’expériences médicales barbares. Depuis ce lieu est considéré comme l’un des plus hantés de la planète. Quand on connaît le passé de cet endroit, il ajoute à ce roman un aspect plus macabre qui ne l’est déjà. Quand on ne le connait pas, Armelle Carbonel se charge de nous le faire visiter. Fusionner le réel aux légendes, je vous le disais déjà avec son dernier roman L’Empereur Blanc, c’est une spécialité de l’auteure.

Vous l’aurez surement compris, avec Criminal Loft, Armelle Carbonel nous entraîne vers les abysses infernales de la cruauté et du voyeurisme malsain. Légèrement dérangé, terriblement dérangeant, délicieusement bien écrit, un huis clos oppressant et angoissant à souhait. Âmes sensibles, vous êtes prévenues.

🖤 Ce roman est, pour la deuxième fois, un véritable coup de cœur !

Un grand merci à Mathilde pour cette lecture commune et nos chouettes échanges. Ce fût une belle aventure, et une totale découverte pour elle, habituée à moins de noirceur. Alors n’hésitez pas à découvrir son avis sur son blog Critiques d´une lectrice assidue.

« Criminal Loft » de Armelle Carbonel.
Editions Milady, 2016.

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