Il y a quelques semaines, le blog Collectif Polar lançait un appel à candidature pour nous convier à une nouvelle expérience. Le Projet Dora était lancé et je n’ai pas manqué l’occasion. J’ai donc découvert un pilier du genre noir sorti en 1991 : J’étais Dora Suarez par Robin Cook.

L’histoire
Qui était Dora Suarez? Pourquoi a-t-on massacré à la hache cette jeune prostituée londonienne ? Mais, surtout, pourquoi l’inspecteur chargé de l’enquête, torturé par ses démons, promet-il à la défunte réparation et expiation ? Décidé à terrasser le Mal, le policier narrateur deviendra Dora Suarez; en revivant ses souffrances, il entrera en osmose avec la victime. Toutes ces interrogations le mèneront devant l’un des tueurs les plus fous de la littérature policière, jusqu’à l’affrontement final qui échappe au genre pour entrer dans la métaphysique.
Mon avis
La scène d’ouverture ne perd pas de temps, nous sommes plongés au cœur même du sujet dès les premières phrases. Le crime. Voilà par quoi débute ce roman, un crime. La violence, la haine et la vulgarité du tueur. C’est avec son point de vue que nous découvrons l’écriture de l’auteur. Et finalement, le fait d’avoir découvert le conte horrifique Raiponce de L.P. Sicard récemment, m’a offert un bon entrainement pour la scène d’ouverture sordide de ce roman. J’étais déjà rodée.
Mais si c’est bien le criminel qui ouvre le bal, la suite du récit sera dirigée par l’inspecteur chargé de l’enquête. Et là, mon intérêt s’est amoindri au fil des pages. Les flics sont bourrus, un tantinet clichés. Et tous donnent l’air de vouloir jouer les gros bras, avec des répliques bien senties. Je m’attendais presque à voir débarquer John McClan (Bruce Willis, Piège de Cristal) pour faire tout sauter… Bon, j’exagère un peu, mais tout de même, je n’y ai vu qu’une débauche de testostérone lors des interrogatoires.
C’était ça l’ennui avec presque toutes ses victimes ; aucune n’était vraiment à la hauteur. A part une ou deux petites garces un peu rétives, plus entrainées, peut-être, et qui avaient fait mine de se défendre, les autres se laissaient ouvrir en deux comme du poisson frais, en poussant leur espèce de gargouillis mouillés, […].
Chapitre 1
Lorsque je me suis plongée dans le Projet Dora, j’ai reçu un petit questionnaire pour débuter l’aventure. Une des questions était « L’auteur peut-il tout se permettre en termes de violence, d’horreur ? » Une réflexion vaste, assez difficile. D’après moi, c’est un peu comme en humour, on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. Je pense qu’en littérature, c’est sensiblement la même chose, on peut tout réaliser, mais pas pour tous les lecteurs. Cependant, je dois reconnaitre que Robin Cook se permet beaucoup avec cette pauvre Dora Suarez. Comme si sa mort n’était pas assez ignoble, sa vie était loin de ressembler à un conte de fée également.
Malheureusement, je n’ai pas réussi a éprouver de l’affection pour, ne serait-ce qu’un seul des personnages, dû à une écriture que j’ai trouvé froide. Ceci, malgré la lecture du journal de la victime. Malgré l’attachement de l’inspecteur pour cette jeune femme. Un attachement que Robin Cook s’évertue à répéter. D’ailleurs, l’auteur nous livre une esquisse du passé de ce policier brisé, sans pour autant vouloir jouer sur la corde sensible. Finalement, le sujet est évoqué mais nous en savons très peu sur son vécu, et c’est bien dommage de ne pas avoir été plus loin concernant ce personnage dont on ignore le nom.
Comme je le disais, un auteur peut certainement tout écrire, mais pas pour tout le monde. Et malheureusement, je crains ne pas avoir été bon public pour cette lecture. Non pas à cause des scènes violentes, voire obscènes, mais plus par le côté froid de l’écriture. J’aurais essayé.

Je remercie grandement Ge du blog Collectif Polar pour cette expérience, et pour ce livre. Je suis tout de même ravie de participer à ce projet de lecture, le Projet Dora.
Et vous, pensez-vous qu’un auteur puisse tout se permettre à l’écriture d’un livre ?
« J’étais Dora Suarez » de Robin Cook.
Éditions Rivages, 2016.
Je pense que je serais gêné de la manière que toi si je lisais ce livre. Donc, je passe mon tour (surtout que de mon côté, j’ai vraiment dû mal avec les scènes de violence)
Alors tu as raison, vaut mieux éviter si tu n’aimes pas les scènes de violence, car le premier chapitre est assez cru. Et il y a d’autre passage assez torturé aussi. Je comprend que tu passes ton tour. Merci pour ta visite, à bientôt. ☺️
Comme tu l’auras vu sur la bien-nomée papote, je n’ai pas forcément accroché non plus… c’est surtout le flic qui m’a dérangée…
Oui, j’ai lu ton message sur le groupe. Je partage assez bien ton avis d’ailleurs. Je n’aimais pas trop son comportement de « grand chef » un peu. Ca faisait un peu gros bras tout en essayant d’adoucir le trait avec une sorte d’affection à la victime. On aura tenté le coup 😉
Voilà 😄
Je passe mon tour… Mais je suis d’accord avec toi, concernant « on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde » qui fonctionne aussi avec les romans et les films. Chacun•e ses attentes, sa sensibilité, etc.
Oui tu as raison, ça fonctionne aussi bien en humour qu’avec les films et les divertissements en général. Tu as très bien résumé ce que je pensais, nous avons tous notre sensibilité. Des fois, ce n’est tout simplement pas le bon moment aussi. Mais pour celui-ci, je crois qu’il ne m’aurait pas convaincu à un autre moment non plus. 😁 Cela dit, c’est apparemment un titre phare des romans noirs, et il a de très bons retours. Je suis contente d’avoir tenté quand même. Mais je comprend qu’avec mon retour, il ne te fasse pas plus envie que ça.😇