Le Raptor contre-attaque. Isabelle Bourdial

Après avoir eu le plaisir de découvrir les écrits de Isabelle Bourdial avec Sale temps pour les grenouilles, j’ai pu m’en délecter une seconde fois en découvrant la suite : Le Raptor contre-attaque. Attention, si vous n’avez pas lu le roman précédent, il est possible que cet article trahisse quelques détails.

Le raptor contre-attaque - Isabelle Bourdial

L’histoire

Hadrien Lapousterle a tout pour être heureux : il adore son job d’éditeur aux éditions Galvani, file le parfait amour avec la douce Raphaëlle tandis que son ex-chef psychopathe améliore l’ordinaire des poissons au large des côtes bretonnes. Seulement voilà, sa nouvelle boss se montre un peu trop sensible à son charme. Sans compter les stagiaires qui sèment le chaos dans l’open space. Enfin, une série d’incidents inquiétants vient menacer la réputation de la maison d’édition. L’infâme Grégoire Delahousse serait-il revenu d’entre les morts pour prendre sa revanche ? Hadrien et ses alliés parviendront-ils à vaincre cet ennemi de l’ombre ?

Mon avis

Dans ce second roman, nous retrouvons Hadrien (avec un H, toujours !) et toute la confrérie de l’Orient Express, nom donné au groupe formé avec ses collègues pour détrôner leur ancien supérieur hierarchique. Depuis le départ du tyrannique Grégoire Delahousse, tout le monde a repris ses bonnes habitudes, boulot, maison, vie de famille. Pour Hadrien, le burn-out est en rémission, mais encore frais. Le harcèlement, ça laisse des marques. Malheureusement comme une mauvaise loi des séries, le sort va s’acharner sur les Editions Galvani. Sans compter, tous ces petits raptors, symbole d’un danger à venir, qui fleurissent au sein de la confrérie.

Dans le premier roman, Isabelle Bourdial dénonçait de manière humoristique le harcèlement moral, et cette fois elle s’attaque à une tout autre forme de harcèlement, le harcèlement sexuel. Et toujours avec une bonne dose d’humour sarcastique s’il vous plait ! Hadrien nous livre, à la première personne, son ressenti sur ses journées. Nous voilà témoins des regards appuyés de sa nouvelle supérieure, des échanges flatteurs, qui prennent de plus en plus d’importance, jusqu’à atteindre le point de non retour. Tout s’est développé de manière fulgurante sans même que notre protagoniste n’ait le temps de réaliser. Sentiment d’impuissance, de honte, de culpabilité, Hadrien est envahi par un panel de sentiments. On comprend alors que cette situation est plus délicate à dénoncer (et à prouver) qu’on ne pourrait le croire. Le sujet est d’autant plus sensible ici qu’il s’agit d’un homme qui endosse le rôle de la victime, notre personnage va apprendre à ses dépends que le sexe masculin subit aussi ses préjugés.

Après tout le harcèlement n’a pas de genre. Il se conjugue souvent au féminin, mais pas exclusivement. Ce qui m’arrive n’est pas le cas de figure le plus commun. A moi de m’en souvenir pour ne pas être tenté de reporter mon ressentiment contre la gent féminine dans son entier.

Chapitre : Nolite te salopardes exterminorum

Si la situation est déjà assez difficile pour lui, notre jeune éditeur va devoir affronter une autre menace. Le passé semble rattraper le service, et l’équipe frôle la catastrophe à plusieurs reprises. Quelqu’un se donne du mal pour saboter leurs travaux et les effrayer ! La peur et le doute s’installent, s’infiltrent dans la sphère privée et se répandent au sein de la confrérie. D’autant que les stagiaires présents dans l’entreprise ne seront pas de tout repos non plus… Dans ce chaos ambiant, Hadrien arrivera-t-il à remonter la pente et trouver une issue ? Car finalement entre Grégoire Delahousse et la nouvelle supérieure, c’est un peu comme choisir entre la peste et le choléra. Ce sont tous deux des prédateurs aux dents longues et aux griffes acérés que notre personnage doit terrasser.

Je rêve où il y a une menace dans sa voix ? Grenouille échaudée craint l’eau chaude. Je ne me suis pas débarrassé du Dr House pour accepter d’être rudoyé par ma nouvelle boss.

Chapitre : Un énorme orme avec sa sombre ombre

Avec ce second tome, l’auteure démontre et dénonce encore une fois la pression que l’on peut subir dans l’univers professionnel, la difficulté à se remettre d’évenements stressants, l’impact sur notre vie personnelle, sur nos relations sociales, et l’importance de détecter les signes avant-coureur. Le mieux, c’est qu’elle le fait avec humour. Hadrien est un personnage attachant et j’avais vraiment envie de le voir reprendre le dessus. Cette fois encore les références aux séries télévisées sont nombreuses, elles font partie intégrante de l’histoire, avis aux amateurs.

Un roman noir aux allures de comédie que j’ai dévoré, et que je relierais sans hésiter !

Je remercie chaleureusement Ge du Collectif Polar pour ce cadeau, tu m’as gâtée ces derniers mois !
Et vous, ça vous tente une chasse aux raptors ?

« Le raptor contre-attaque » de Isabelle Bourdial.
Les éditions du Loir, 2021.

17 commentaires sur “Le Raptor contre-attaque. Isabelle Bourdial

  1. Je découvre tardivement tes retours et tous ces échanges. Je suis touchée, merci beaucoup, Ludivine !

    1. Avec grand plaisir Isabelle, j’ai dévoré ces deux romans et même plusieurs mois plus tard, j’en garde un super souvenir. Plein d’humour, de dérision, ils sont tombé à point nommé, je les ai découvert à une période où mon mental était en baisse au niveau professionnel. Alors merci à vous, pour ces mots, cet humour et ces vérités ! 😊

    1. C’est effectivement un très bon moment, plein de second degré et d’ironie. Pareil pour le premier roman « Sale temps pour les grenouilles », ils sont drôles malgré le sujet du harcèlement qui sert de toile de fond a ces histoires. Et les références aux séries TV sont un sacré plus, le personnage en joue vraiment. C’est drôle, frais et décalé pour un roman noir, oui. 🤭

  2. Rhooo comme tu en parles bien !
    Alors merci chère Ludivine pour ce bel article
    Et encore plus ravie que cette comédie noire ait su te séduire.
    Perso je pense qu’ Isabelle dénonce les harcèlements moraux, sexuels ou de toutes sortes, peu importe que l’on soit d’un sexe, d’un genre ou d’un autre. Elle démontre simplement que ça existe et qu’il faut le combattre et le dénoncer à tout pris et ne pas se laisser enfermer dedans !
    Et encore bravo pour cette belle chronique.

    1. Merci pour ces beaux compliments Ge ! 😊
      J’ai vraiment beaucoup aimé ces deux romans, ce personnage et le style de Isabelle. Cette façon de dénoncer avec humour des actes aussi cruels et mesquins, en nous offrant des références télévisées, de l’humour et une bonne dose de dérision. C’est malin, très malin. Et efficace !
      Vraiment merci, je les ai adorés. 😄

  3. Rares sont les livres qui s’attaquent au thème du harcèlement sexuel même si je t’avoue que vu la proportion de victimes féminines, j’aurais encore plus été tentée si on abordait la question de ce point de vue…
    Néanmoins, c’est déjà bien de parler de cette thématique !
    En tout cas, le mélange roman noir/humour a l’air de fonctionner à merveille !

    1. Je comprend ton point de vue, mais si ça peut te rassurer Isabelle Bourdial dénonce des faits qui peuvent toucher aussi bien les hommes que les femmes. La situation pourrait arriver à n’importe qui. Elle en profite pour rappeler que personne n’est à l’abri, peu importe l’âge, l’emploi, le genre. Et je suis d’accord avec toi, c’est bien d’en parler, et de le présenter de cette manière. Car finalement, avec ce savoureux mélange de situations comiques et d’enquêtes, le message passe bien. Oui, ce mélange fonctionne à merveille avec moi. 🙂

        1. Oui, tout en restant vraiment dans le côté humoristique, ou sans rendre le vécu du personnage trop larmoyant, mais elle nous présente bien les effets que ça entraîne sur la vie privé, la sphère professionnelle, l’estime de soi, la confiance envers les autres et le sentiment de culpabilité qui peut survenir quand on en est victime. En tout cas, j’en garde un bon souvenir de ces deux romans. 🙂

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