À crier dans les ruines. Alexandra Koszelyk

La catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986 a bouleversée des milliers de vies. Professeure de Lettres Classiques, Alexandra Koszelyk nous livre, dans son premier roman A crier dans les ruines, une histoire émouvante à ce sujet.

L’histoire

Léna et Ivan sont deux adolescents qui s’aiment. Ils vivent dans un pays merveilleux, entre une modernité triomphante et une nature bienveillante. C’est alors qu’un incendie, dans l’usine de leur ville, bouleverse leurs vies. Car l’usine en question, c’est la centrale de Tchernobyl. Et nous sommes en 1986. Les deux amoureux sont séparés. Lena part avec sa famille en France, convaincue qu’Ivan est mort. Ivan, de son côté, ne peut s’éloigner de la zone, de sa terre qui, même sacrifiée, reste le pays de ses ancêtres. Il attend le retour de sa bien-aimée. Léna, quant à elle, grandit dans un pays qui n’est pas le sien. Elle s’efforce d’oublier. Mais, un jour, tout ce qui est enfoui remonte, revient, et elle part retrouver le pays qu’elle a quitté vingt ans plus tôt.

Retour sur la catastrophe

26 Avril 1986. Un réacteur explose dans la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine. La population alentour ne se doute de rien. Ce n’est que le lendemain après-midi qu’une zone d’ exclusion est mise en place. Des familles entières sont évacuées dans l’urgence, pensant retrouver leur domicile prochainement. Mais les conséquences sont désastreuses, et ils ne rentreront jamais chez eux. Radioactivité, contamination de l’environnement, décès et maladies ont suivi ce terrible accident.

La ville de Pripiat est construite dans les années 70, à 3km de la zone nucléaire. Une ville moderne, pleine d’avenir, où les travailleurs de la centrale logent avec leurs familles. Désormais ville fantôme, la nature a repris ses droits. Les radiations sont encore présentes, mais des visites sont organisées par des agences spécialisées pour témoigner des faits ou pour la curiosité (le fameux tourisme noir).

Mon avis

Le sujet en lui même est déjà fortement émouvant et pourtant, c’est dans ce décor apocalyptique et tristement réel que compose avec brio l’auteure de ce livre.

On découvre la vie de Léna. Ses espoirs, son amour pour sa famille et pour Tristan. Elle nous dévoile toute en retenue ses rêves de jeune fille. Des rêves balayés, en un rien de temps. Par l’Histoire, celle avec un grand H. Viens alors un départ précipité, vu depuis des yeux d’enfant. La douleur de perdre ses repères, de couper ses racines. Et au fur et à mesure de la lecture, on la voit grandir, devenir une adolescente, puis une femme. On la regarde vivre sa vie sans même la ressentir. Qui est-elle vraiment, loin de ses origines, dans un pays qu’elle n’a pas cherché ? Dans un monde qui n’est pas le sien, ne le sera peut être jamais. Par ce départ précipité et sans retours possible, on la sent perdue, à la recherche d’un chez elle qu’elle ne retrouvera peut-être jamais.

Le récit est entrecoupé de lettres, de correspondances, déchirantes et criantes de douleurs, emplies de doutes. On les parcours, le cœur lourd, avec l’espoir qu’elles trouvent un jour leur destinataire.

Alexandra Koszelyk nous entraîne dans une vie qui bascule et elle le fait avec une écriture simple et fluide. Une écriture douce. Elle nous plonge dans la vie de ses rescapés. Rescapés oui, mais à quel prix ? C’est triste et beau à la fois. Et même si ce n’est que fiction, c’est probablement ce qu’on vécu des milliers de personnes depuis cet accident nucléaire.

🖤 Un coup de cœur bouleversant !

Quel livre, tiré d’une histoire vraie, vous a le plus touché ?

“A crier dans les Ruines” de Alexandra Koszelyk.
Aux Forges de Vulcain, 2019.

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